Le lin pour matière

Si l'on se penche sur son histoire, on prend conscience du long chemin parcouru par le lin pour arriver jusqu'à nous, la toile de lin étant manifestement le plus ancien textile au monde...

De nombreuses recherches témoignent des premières traces de son utilisation remontant à 10 000 ans avant Jésus Christ. Sa terre d'origine est très certainement l'Asie Centrale et il semble s'être ensuite propagé en Inde, en Chine, en Egypte puis en Europe.

Le nom latin du lin, peu poétique il est vrai, traduit la vaste étendue de son utilisation - Linum Usitatissimum - le lin extrêmement utilitaire.

Egypte, « Lumière de lune tissée » serait le nom donné par les Egyptiens à la toile de lin.

Alors utilisé pour les vêtements de culte des prêtres, le lin est considéré comme symbole de pureté. Il sert surtout à l’habillement des pharaons et à la momification car c’est un matériau quasi imputrescible.

Il est ensuite utilisé par les Phéniciens, grands navigateurs de l’Antiquité, qui achètent la fibre de lin en Egypte et l’introduisent en Grèce, à Rome, en Irlande, en Angleterre et en Bretagne…

Epoque romaine, la toile de lin entre dans les maisons. La fibre de lin est également utilisée pour les voilages de la flotte, les cordages et les filets.

En France, le lin va prendre réellement son essor grâce à Charlemagne qui le premier, encourage son artisanat.

Au Moyen-Age, la toile de lin devient alors un objet de commerce précieux et important. La matière va progressivement se raffiner, le tissage se destinant aux draps et aux chemises. Par ailleurs, le XIe siècle nous laisse un ouvrage emblématique de cette époque réalisé sur toile de lin : la Tapisserie de Bayeux.

A la Cour de France comme dans d'autres cours européennes le lin va occuper une place de choix : on le retrouve dans les chemises, les collerettes, les fraises… brodées ou serties de dentelles.

Au XIIIe siècle, Jean Baptiste de Cambrai tisse les premières toiles fines de lin : les batistes. Cette étoffe devient la Toile des Rois avec le linge de table, le linge de corps et les mouchoirs.

Jusqu'à la fin du XVIe siècle les graines de lin sont produites localement. Ensuite, des marins bretons importent des graines de lin des pays de la Mer Baltique. Ce nouveau lin qui se montre moins exigeant en terme de culture, produit des tiges plus longues qui vont permettre de développer l’activité toilière au XVIIe siècle. La Bretagne est alors l'une des premières provinces toilières de France.

Jusqu'au XVIIIe siècle, les techniques de culture, de filage et de tissage évoluent peu mais la consommation de la fibre de lin s’accroit. A cette époque, le lin tissé avec du crin donne naissance à la crinoline.

Le XIXe siècle voit naître deux grandes inventions : Marie Joseph JACQUARD invente la mécanique qui porte son nom et Philippe De GIRARD dépose un brevet concernant la filature du lin, il invente la première machine à peigner le lin. Cette invention va faire du Nord de la France l’un des premiers centres de filature industrielle d’Europe.

Le début du XXe siècle voit l’arrivée en force du coton et l’avènement de l’époque industrielle. La culture et la transformation du lin demandent un travail manuel et artisanal qui devient cher face à l’ascension de l’industrie du coton et secondairement face à l’usage des fibres synthétiques. La production de lin se trouve alors considérablement réduite.

Avec la fin du XXe siècle arrive pour le lin le temps de la renaissance… Un nouveau regard porté sur la qualité de vie, les conséquences d’une culture intensive et le poids de l’industrie sur l’environnement font redécouvrir les qualités de la fibre de lin…



A l’heure où le consommateur cherche de plus en plus à s’inscrire dans une nouvelle démarche d’achat et tend à devenir un « consommacteur », la fibre de lin trouve là matière à pérenniser son existence et son utilisation, contribuant ainsi à la préservation d’un patrimoine et d’un savoir-faire textile.

La France demeure un des principaux pays européens à cultiver du lin, représentant un peu plus de 6 000 agriculteurs sur 70 à 80 000 hectares de culture. Environ 70% du lin mondial est cultivé dans notre pays et est considéré comme le meilleur au monde. Il se situe en effet au premier rang mondial pour la qualité de ses fibres, avec environ 85% de sa production qui part à l'exportation, revenant secondairement sur notre marché sous forme de produit fini.

Le lin est intemporel, noble et naturel, sobre et élégant, avec un toucher particulier qui n’appartient qu’à cette matière. La qualité de sa fibre en fait une étoffe anallergique et lui donne la propriété d’être un régulateur thermique – isolant en hiver, respirant en été.

La fibre de lin est une fibre végétale très solide et durable qui se bonifie avec le temps. Elle est naturelle, renouvelable, recyclable et biodégradable.

Le lin s’épanouit sur des sols pauvres. Son mode de culture rotative n’épuise pas les sols et appelle peu, voire pas d’engrais et de pesticides, contrairement au coton. La transformation de la plante en fibres respecte l’environnement car elle ne nécessite pas de besoins en solvants et peu en terme d'énergie.


Produit vert par excellence et par nature, le lin est un protagoniste du développement durable et contribue à la préservation de l’environnement.

Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez prendre la route pour Lin et chanvre en Bretagne ou vous rendre au Festival du lin...